
À Brest, l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM) expérimente une manière concrète et innovante d’appliquer les principes de l’économie circulaire à la recherche scientifique. Porté par une équipe engagée dans le développement durable, le projet Lab’oucle propose une solution locale et reproductible pour revaloriser les déchets plastiques des laboratoires.
Comme beaucoup d’établissements de recherche, l’IUEM génère une quantité importante de déchets plastiques, notamment des flacons, boîtes, tubes et autres consommables non souillés. Faute de filières adaptées ou de moyens de traitement internes, ces matériaux finissent bien souvent à l’incinérateur. Pourtant, une large partie de ces plastiques pourrait être récupérée et transformée, à condition de disposer des bons outils… et d’un peu d’imagination.
C’est à l’occasion du Makeathon SEA-EU en 2021 que l’idée de Lab’oucle a émergé. Le principe : collecter localement les plastiques propres, les broyer, puis les transformer en nouveaux objets utiles pour les laboratoires. Le tout est réalisé en circuit court grâce à une collaboration entre l’IUEM, le fablab UBO Open Factory, l’association Tiriad, et des étudiants impliqués dans la démarche. Des moules et imprimantes 3D permettent ensuite de fabriquer sur place des supports, des éléments de mobilier ou même un mur végétalisé, conçu entièrement à partir de plastique recyclé.
Au fil des mois, le projet a permis de détourner plus de 30 kilos de plastique de la filière déchets, en leur donnant une seconde vie concrète et fonctionnelle. Plus qu’une expérience ponctuelle, Lab’oucle a vocation à s’inscrire durablement dans les pratiques de l’IUEM. Une dizaine de points de collecte ont été installés sur le campus pour faciliter la récupération des matériaux. L’équipe projette même de développer de nouveaux outils en open source, afin de permettre à d’autres établissements de dupliquer la démarche.
Ce projet est un exemple remarquable de ce que l’économie circulaire peut apporter à la recherche. Il ne s’agit pas seulement de réduire l’impact environnemental, mais de proposer une alternative concrète et locale à l’achat systématique de matériel neuf. C’est aussi une démonstration de la capacité d’innovation des acteurs de la recherche publique, souvent contraints par des budgets serrés, mais animés par une forte volonté d’agir autrement.
Chez Recyclab, nous suivons ce type d’initiative avec beaucoup d’attention. Elle montre que le réemploi n’est pas une solution de second choix, mais bien une stratégie efficace, durable et porteuse de sens. Elle met aussi en lumière l’importance de créer des synergies locales pour développer des projets innovants, accessibles et adaptés aux besoins réels du terrain.
Lab’oucle est une belle preuve qu’avec un peu d’ingéniosité, les déchets de laboratoire peuvent devenir des ressources. Et qu’en matière de recherche aussi, il est possible d’allier rigueur scientifique et responsabilité environnementale.