
Face aux défis budgétaires, environnementaux et réglementaires, de plus en plus d’organisations cherchent à intégrer l’économie circulaire dans leurs activités. Dans les laboratoires de recherche, cette évolution peut sembler complexe — voire difficile à concilier avec les impératifs scientifiques et techniques du quotidien. Pourtant, certaines entreprises ont prouvé qu’une transformation efficace peut venir de l’intérieur, en s’appuyant sur les équipes existantes, sans bouleverser l’organisation.
Deux exemples particulièrement inspirants : Roche Diagnostics, qui a mobilisé ses salariés autour de pratiques circulaires concrètes, et My Green Lab, un programme international qui accompagne des centaines de laboratoires dans cette transition.
L’exemple de Roche Diagnostics : transformer les pratiques grâce aux équipes
À Bâle, le siège européen de Roche Diagnostics a mis en place depuis plusieurs années une démarche d’économie circulaire structurée autour de ses salariés. L’idée est simple : plutôt que d’imposer des mesures descendantes, l’entreprise a créé des “Green Teams” à l’échelle de ses laboratoires. Ces groupes volontaires sont composés de techniciens, ingénieurs et chercheurs, et ont pour mission de :
- identifier les pratiques quotidiennes générant le plus de déchets,
- proposer des alternatives concrètes (réemploi, mutualisation, réduction à la source),
- suivre l’impact des actions engagées.
Cette approche a permis de réduire de façon mesurable les volumes de plastique à usage unique sur plusieurs sites européens, notamment grâce à des changements simples : tri optimisé, réutilisation de certains consommables, partage d’équipements sous-utilisés et formation régulière des équipes.
Un des points clés du succès : aucun investissement massif n’a été nécessaire. Les actions ont été portées par les équipes elles-mêmes, avec un fort soutien managérial et une communication interne claire sur les résultats obtenus.
Le programme My Green Lab : structurer le changement à grande échelle
Au-delà des initiatives internes, de nombreux laboratoires dans le monde ont recours au programme My Green Lab, une initiative internationale qui aide les équipes scientifiques à réduire leur impact environnemental de manière concrète et mesurable.
Le programme repose sur :
- La désignation d’ambassadeurs internes formés aux enjeux environnementaux ;
- Un accompagnement étape par étape, adaptable à la taille et aux ressources du laboratoire ;
- Des indicateurs de performance clairs pour suivre les progrès dans le temps.
Cette méthode a permis à des laboratoires académiques comme industriels de réduire significativement leurs consommations de plastique, d’énergie et d’eau, tout en renforçant l’engagement des équipes autour d’un objectif commun.
Ce que les laboratoires peuvent retenir de ces démarches
L’économie circulaire ne se limite pas à des technologies de pointe ou à des infrastructures lourdes : elle peut se déployer simplement, à condition d’impliquer les personnes qui font vivre les laboratoires au quotidien.
Quelques enseignements concrets :
- Former et sensibiliser les équipes est une première étape essentielle pour créer une dynamique de changement.
- Commencer par des actions simples et visibles permet de montrer rapidement des résultats concrets.
- S’appuyer sur des plateformes de réemploi comme Recyclab peut accélérer le passage à l’action : cela permet de réduire les coûts et de prolonger la durée de vie des équipements tout en s’inscrivant dans une logique durable.
- Valoriser les réussites internes renforce la motivation collective et attire de nouveaux partenaires.
Une transition pragmatique et accessible
Ces exemples montrent que la transition vers une recherche plus durable peut être progressive, structurée et collaborative. Elle ne nécessite pas de tout révolutionner : elle peut démarrer par de petits gestes quotidiens, soutenus par des outils concrets et des équipes engagées.
Pour les laboratoires français, il existe aujourd’hui des solutions simples et efficaces pour amorcer cette démarche : plateformes de réemploi, programmes de formation, partenariats stratégiques, mutualisation des équipements…
C’est ainsi que l’économie circulaire cesse d’être une belle idée pour devenir une réalité de terrain.
Sources :
- Roche Diagnostics (2023), Sustainability & Circular Economy.
- My Green Lab (2024), Annual Impact Report.
- Circular Economy in Labs, EMBO Press.
- ADEME, L’économie circulaire dans les organisations.
- Photo : https://www.inovahttps://www.inovallee.com/roche-diagnostics-france-lance-un-plan-de-sobriete-pour-reduire-de-14-ses-flux-denergie-en-periode-hivernale-sur-son-siege-meylanais/