
Dans la plupart des laboratoires, les opérations de rénovation ou de modernisation suivent un schéma bien rodé : on démonte l’ancien, on installe le neuf… et on envoie le matériel démonté à la benne. Pourtant, une part importante de ces équipements est encore parfaitement fonctionnelle. C’est précisément ce constat de terrain qui a donné naissance à Recyclab, grâce à l’expérience directe d’Atis Technologie sur les chantiers d’installation et de rénovation de laboratoires.
Un volume de matériel considérable… et sous-exploité
Depuis plus de vingt ans, les équipes d’Atis interviennent dans des laboratoires publics et privés partout en France. Au fil des projets, une tendance s’est dessinée : près de 60 % du matériel démonté est encore en bon état et pourrait facilement être réutilisé ailleurs.
Ces équipements sont écartés non pas parce qu’ils sont inutilisables, mais parce que :
- Ils ne correspondent plus aux standards de conception ou d’esthétique souhaités ;
- L’équipement neuf est prévu dans le budget initial ;
- Les procédures internes ne prévoient pas de filière de réemploi.
Résultat : chaque année, des tonnes de mobilier technique, d’équipements et de matériaux parfaitement exploitables partent à la déchèterie, faute de circuit de valorisation adapté.
Ce qui peut facilement être réemployé
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le matériel réutilisable ne se limite pas à quelques meubles isolés. Une grande partie de l’équipement structurel d’un laboratoire peut retrouver une seconde vie :
- Paillasses modulaires, souvent en excellent état, qui peuvent être réinstallées dans un autre espace ;
- Meubles techniques (rangements métalliques, dessertes, plans de travail) ;
- Hottes aspirantes, à condition d’un contrôle technique préalable ;
- Éviers en inox ou polypropylène, très résistants dans le temps ;
- Armoires de sécurité, une fois leur conformité vérifiée ;
- Éléments de mobilier fixe ou de stockage.
Ces équipements représentent souvent des investissements importants pour les laboratoires. Les réemployer permet d’optimiser leur durée de vie, de réduire l’impact environnemental des projets, et de libérer des ressources financières pour d’autres priorités.
Une opportunité née du terrain
Cette situation récurrente a poussé les équipes d’Atis à repenser leur manière de travailler. Plutôt que de considérer ce matériel comme un “déchet encombrant” à évacuer, pourquoi ne pas le remettre en circulation pour qu’il serve à d’autres acteurs de la recherche ?
C’est ainsi qu’est née la plateforme Recyclab : une solution simple, gratuite, et ouverte à tous les laboratoires — qu’ils souhaitent déposer ou récupérer du matériel scientifique.
L’objectif : créer une boucle vertueuse entre les installateurs, les établissements publics, les start-up, les structures académiques ou encore les associations de recherche, pour éviter que ce matériel parte inutilement à la déchèterie.
Des bénéfices multiples et très concrets
Cette démarche répond à plusieurs enjeux clés du secteur :
- Environnementaux : réduire les volumes de déchets techniques, prolonger la durée de vie des équipements et limiter la production de nouveaux matériels.
- Économiques : permettre à des laboratoires de s’équiper à moindre coût, et d’utiliser leur budget sur des postes stratégiques (recherche, personnel, innovation).
- Opérationnels : offrir des équipements disponibles immédiatement, sans délais de fabrication ou d’approvisionnement.
Mais au-delà des chiffres, c’est une manière de penser autrement la logistique des projets scientifiques. En changeant de perspective sur les équipements “en fin de vie”, on ouvre la voie à une gestion plus agile, plus durable et plus solidaire des ressources.
Vers une culture partagée de la circularité
L’économie circulaire en laboratoire ne se limite pas aux consommables ou aux produits chimiques. Elle concerne aussi les infrastructures, le mobilier et les équipements lourds. En lançant Recyclab, Atis a simplement mis en lumière une évidence : la transition passe aussi par des gestes simples et concrets sur le terrain.
De plus en plus d’établissements publics, de centres de recherche et de laboratoires privés s’y intéressent. Car au fond, cette démarche ne nécessite ni investissements massifs, ni réorganisation lourde : elle repose sur une meilleure coordination entre les acteurs existants.
Réemployer le matériel de laboratoire, ce n’est pas une utopie — c’est une réalité opérationnelle. Et comme le prouve l’expérience d’Atis, chaque chantier peut devenir une opportunité pour créer plus de valeur, réduire le gaspillage et soutenir les projets de recherche. La prochaine étape ? Que cette pratique devienne la norme, pas l’exception.
